Fin novembre 2013, un groupe d’archéologues anglais mène des fouilles à La Boisselle, dans la Somme. Coups de pioche. Dans la lèvre d’un cratère, deux corps. Enterrés l’un sur l’autre. « N’ayant pu être sortis de la tranchée trop exposée, leurs camarades les ont probablement inhumés sommairement, ce qui était fréquent : un corps mort pouvant aider à se protéger en élevant le parapet », explique René Richard, président de l’association Bretagne 14-18.

Le premier est complexe à identifier : la plaque militaire est peu lisible. Il s’agit d’Appolinaire Joachim Ruelland, de Bréhan, dans le Morbihan. Il a été inhumé mi-juin, auprès de son frère. Sous le corps du Morbihanais gît celui d’un soldat de deuxième classe, matricule 2 261 au recrutement de Quimper, classe 1909. Louis-Joseph Heurt, fils de petits paysans à Bannalec, est né le 29 novembre 1889 à Keransquer. Troisième d’une fratrie de sept, il effectue son service au 118e régiment d’infanterie qu’il rejoint le 3 août 1914.

« Il fit probablement les campagnes de Belgique, de la Marne et de la course à la mer avant de connaître la misère et l’horreur des tranchées de la Boisselle, son tombeau »,raconte René Richard. Il n’a que 25 ans lorsqu’il tombe pour la France, le vendredi 8 janvier 1915. « Un affrontement eut lieu dans le secteur de l’Îlot, sauvagement contesté depuis des semaines par les Allemands et par les Français qui lançaient des assauts incessants et vains », poursuit le président de Bretagne 14-18.

En fin d’après-midi, le 7 janvier 1915, le 2e bataillon du 118e RI relève le 1er bataillon dans les tranchées de La Boisselle. Une attaque des lignes allemandes est prévue pour le lendemain à 14 heures. Dans la nuit du 7 au 8, un ouragan se déchaîne sur La Boisselle. La pluie inonde les tranchées qui deviennent impraticables. L’attaque est reportée.

Le vendredi 8 janvier 1915, dans l’après-midi, des minenwerfer établis dans le village de La Boisselle bombardent l’îlot et les tranchées avoisinantes. La tranchée située au sud-ouest de l’îlot est en partie bouleversée. « À 15 h, bombardement de la ferme et des tranchées. À 17 h 30, attaque de la ferme et la tranchée à droite. Les Allemands sont facilement repoussés par les 7e et 8e compagnies, aidées par le feu de notre artillerie » lit-on dans le Journal des marches et opérations. C’est sûrement lors de la défense de cette tranchée que les deux Bretons furent tués, peut-être dans un combat au corps à corps avec le soldat allemand dont les restes voisinaient avec les leurs.

L’artillerie française bombarde les positions des minenwefer qui cessent leurs tirs. À 18 heures, les allemands sortent de leurs tranchées en rampant et attaquent l’îlot. Le tir de l’artillerie et la fusillade repoussent cette tentative. Les hommes du 118e RI profitent de la nuit pour réparer les tranchées et les boyaux détériorés par l’ouragan et les bombes ennemies. C’est probablement à ce moment-là que Louis LE HEURT et Apollinaire RUELLAND sont inhumés par leurs camarades dans la paroi de la tranchée où ils ont reposés pendant 98 ans avant d’être retrouvés en novembre 2013 par le « La Boisselle Study Group ».

La découverte est complétée par le gros travail d’un médecin de Quimperlé, Gilles Belleguic, généalogiste, et de la mairie de Bannalec. Le corps de Louis-Joseph Heurt a été inhumé en mars 2014 dans la nécropole nationale d’Albert.

A noter encore que le maire Yves André s’est rendu début septembre 2014 à une cérémonie dans la Somme, où un hommage était rendu au poilu bannalécois Louis Joseph Heurt, mort pour la France le lundi 8 septembre. Joël Dubreuil, sous-préfet de Péronne, a représenté Nicole Klein, préfète de la région Picardie, à la cérémonie organisée en hommage au soldat le Heurt, mort pour la France en 1915.

Sources : 

http://www.ouest-france.fr/bretagne/alice-na-pas-retrouve-son-parrain-mort-la-guerre-2740615

http://www.letelegramme.fr/finistere/bannalec/guerre-14-18-retrouve-100-ans-apres-29-03-2014-10099756.php

 

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